Il l’avait écrit à Heller : « Si vous tenez propre ce tableau, il restera cinq cents ans propre et frais… » Dürer donne rendez-vous en l’an 2000. À présent que nous sommes à l’échéance annoncée, que reste-t-il à écrire de Dürer ? Interroger ce reste : chacun peut y aller de sa compilation.
Il n’en fallait pas moins un cartographe habile pour resituer ainsi dans notre ciel le riche amas de la galaxie Dürer à cinq siècles de distance, et combiner sous nos yeux les lignes de sa constellation maîtresse : le Burin du graveur.
Question bien légitime que celle qui inaugure Le Burin du graveur, publié pour la première fois il y a quarante ans en introduction d’une édition de L’Œuvre gravé complet (Hubschmidt & Bouret, 1980). Citant pour points de départ les études de Pierre du Colombier, Paul Vaisse ou encore Erwin Panofksy, qu’il nomme ses « matériaux », Alain Borer s’engage ouvertement dans un tour d’horizon ; et c’est armé d’une érudition considérable et d’un fécond esprit de synthèse qu’il réarpente, réagence et révèle les grandes lignes de la constellation Dürer.
Difficile par conséquent de résumer cette étude qui pourrait bien être à l’image du peintre lui-même : monographique, certes, de même que se veut unique et inimitable l’auteur d’autoportraits marquant au sortir du Moyen-Âge la « prise de conscience de l’individu », l’« exaltation de la personnalité » et le « stade du miroir de la peinture » ; mais surtout profuse, effervescente, comme le sont les intérêts et les facettes de l’homme de la Renaissance.
On découvrira ou redécouvrira ainsi Dürer en voyageur, observateur et chroniqueur dans ses écrits et ses dessins ; collectionneur à la « curiosité tous azimuts » ; découvreur avide mais point avare de ses découvertes ; féru d’astrologie et de caractérologie ; théoricien pionnier ; mais aussi innovateur dans son métier, peintre maniaque, obsédé par « la perfection technique et l’idée même de beauté » ; orfèvre ; à la fois « humaniste, pieux et luthérien, bon époux et bon citoyen, sage comme une image » et auteur de lettres débordantes de gaudriole et de paillardise…
Ouvrage, en somme, qui loin de réduire Dürer au mince tracé d’une ligne claire, s’étoffe pour rendre compte de sa grandeur.
Les auteurs
Le poète, auteur, essayiste et romancier Alain Borer est né en 1949 à Luxeuil-les-Bains. Sa renommée dépend avant tout de ses qualités de spécialiste mondial d’Arthur Rimbaud. Pendant trente années, il se consacre à la poésie et à l’étude du poète. Il publie plusieurs articles, rédige des livres et des essais le concernant et part sur ses traces à travers le monde, notamment au cours d’un voyage en Éthiopie, parcourant ainsi tous les lieux de la Rimbaldie et conservant ses trouvailles dans sa rimbaldothèque.
Après le centenaire de la mort de Rimbaud, Alain Borer, également professeur d’enseignement artistique à l’école des Beaux-arts de Tours, entame une deuxième phase dans son œuvre. Il publie un roman, Koba, où le lecteur assiste à une véritable chasse aux dieux dans un univers à mi-chemin entre les mythes et l’Histoire, puis une pièce de théâtre et, toujours, des poèmes en allées cosmiques lyriques, livres pataphysiques, et ce qu’il appelle « noèmes ». Puis, dans son récit Le Ciel & la carte, cet écrivain-voyageur invite à la découverte des « peuples de l’eau » à bord d’un bateau à travers les mers du Sud, entre enfer et paradis.
Il est également Président du Printemps des Poètes et officier des Arts et des Lettres.
Depuis 2014, il a entrepris de défendre la langue française d’abord avec son essai De quel amour blessée, réflexions sur la langue française, puis par des articles et des conférences.
Presse
Christophe Comentale (Arts et Métiers du Livre) (cf. PDF ci-après)
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Patrick Scemama (La République de l’art)