Quand j’ai lu la Vita nova de Dante pour la première fois, j’ai été frappé par la complexité intellectuelle du livre, enraciné dans la croyance médiévale en une relation entre l’amour sacré et l’amour profane, mais aussi par le fait que beaucoup de ces thèmes continuent de nous parler, aujourd’hui encore.
Je me suis concentré sur les significations qui, sous le titre du livre de Dante, évoquent la nature, et donc sur la venue du printemps lui-même : trente-trois œuvres accompagnent les trente-trois sonnets, en saisissant l’impression produite par les différents moments de la saison, depuis la toute première poussée végétale jusqu’au temps où la terre est toute recouverte par la vibrante vie nouvelle. (F.O.)
Il est une chose primordiale que les sonnets donnés à lire dans le présent ouvrage et que les œuvres picturales qui les accompagnent ont en partage. C’est l’expérience d’un salut : celui, d’abord, qu’accorde la femme aimée au poète au seuil de la Vita Nova qui l’achemine vers la béatitude, et dont la voie de transmission privilégiée, récurrente dans l’ensemble du recueil, est celle de la vue.
Dans le travail de Farhad Ostovani, nulle thématique amoureuse ne vient étayer sa recherche poursuivie dans l’ordre du visible, ni horizon chrétien corroborer le salut qui lui échoit. Mais ce salut est celui qu’adresse à quiconque veut bien y prêter attention, la terre en son éveil. De telle sorte que les sonnets de Dante, qui épousent les rythmes du cœur, revivent les soubresauts d’une âme aussi éprise qu’inconsolée, sont rendus à leur simplicité par le peintre dans cette nouvelle suite d’œuvres, qui ne leur projette pas l’ombre du massif épique de la Comédie, mais qui recueille de ces sonnets la réserve de méditation sur ce qui fait signe dans l’ordinaire des jours.
Que peint alors, au juste, Farhad Ostovani ? Disons que lorsque les déterminations spatiales ont été abandonnées et que le regard s’est ainsi simplifié, ce qui affleure et se donne, soudain ou peu à peu, c’est non pas un objet, mais l’apparaître comme tel, en son acte d’apparaître.
(Jeanne Dorn)
Les auteurs
Farhad Ostovani est né dans le nord de l’Iran, à Lahijan, en 1950. Il commence à peindre à l’âge de douze ans. Il entre en 1970 au département des Beaux-Arts de l’Université de Téhéran avant d’intégrer l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris cinq ans plus tard, après sa première exposition en 1973 à l’Institut Français de Téhéran.
En 1994, il se lie d’amitié avec Yves Bonnefoy et Bernard Blatter et s’intéresse aux éditions. Il reçoit en 2014 le Grand prix de bibliophilie (prix Jean Lurçat) de l’Académie des Beaux-Arts pour We talked between the rooms, poésie d’Emily Dickinson traduite par Yves Bonnefoy. Son site Internet.
« Et les œuvres de Farhad dans les premiers temps de son travail à Paris sont elles-mêmes la preuve que son regard de peintre n’était alors nullement requis par l’aspect extérieur des choses, couleurs et formes, jeux des couleurs dans les formes, dissolution du souci de l’être dans celui de la composition du tableau, comme ce fut le cas à travers l’histoire de l’Occident chez tant de peintres même paysagistes. Mais ce qu’il faut remarquer aussi, c’est qu’elles montrent que le risque que je disais presque fatal quand on cherche à signifier la présence comme telle existait bien aussi chez ce jeune peintre. » Yves Bonnefoy
Presse
François Xavier, Le Salon, littéraire