Admiré par Monet pour lequel il fut un maître, jouant un rôle majeur dans la pratique picturale de ceux que l’on appellera les « Impressionnistes », le « roi des ciels », selon le mot de Corot, se situe à un tournant de l’histoire de l’art. Cet ouvrage dirigé par Laurent Manœuvre rassemble de nombreuses lettres d’Eugène Boudin (1824-1898) à son ami Ferdinand Martin, interlocuteur privilégié et proche des collectionneurs, ainsi que certains échanges avec les artistes de son entourage, qui permettent d’élargir la vision intériorisée d’une époque de la peinture en pleine mutation.
Édition établie et présentée par Laurent Manœuvre
Exécuteur testamentaire et premier biographe de Boudin, Gustave Cahen ne s’est pas contenté de recueillir les lettres de Martin à Boudin ; il a aussi collecté de nombreuses autres lettres, tant de confrères de Boudin, à commencer par Monet, que de collectionneurs. Ces divers documents améliorent notre compréhension d’un milieu artistique que l’on a trop schématiquement limité à un affrontement entre académisme et impressionnisme. Boudin apparaît ici d’esprit ouvert. Si les parti-pris esthétiques sont importants à ses yeux, les affinités humaines ne le sont pas moins. Il se montre objectif. Il mesure pleinement l’importance de la peinture de Monet, mais il devient inhabituellement sévère avec ce dernier qui, par ses exigences financières, met en péril Durand-Ruel. Il nous renseigne très bien sur un marché de l’art porté à la spéculation. Il nous parle beaucoup de son métier, évoquant souvent les difficultés du paysagiste soumis à l’inconstance de la météorologie, et plus encore le plaisir de peindre sur nature et l’importance du travail en atelier, lequel comporte le risque d’alourdir l’étude. Il mentionne également l’importance des cadres, avoue sa paresse, sous-entend la rapidité avec laquelle il produit un tableau pour le Salon… Il est rare qu’un artiste nous autorise à entrer ainsi de plain-pied dans son travail.
Cet ensemble, divisé en trois parties correspondant à trois phases distinctes de la carrière de Boudin (1871-1880, 1881-1887 et 1888-1898) présente une sélection chronologique de lettres permettant de mieux comprendre les enjeux et les difficultés de cette nouvelle ère de la peinture. Il rassemble des documents adressés à Ferdinand Martin à partir de 1871 jusqu’à la mort de ce dernier, ainsi qu’un choix de lettres issues de la correspondance avec d’autres artistes proches d’Eugène Boudin (Monet, Courbet...).
Les auteurs
Peintre né à Honfleur en 1824 et mort à Deauville en 1898, il fut l’un des pionniers de la peinture de paysages en extérieur et un précurseur de l’impressionnisme. Proche de nombreux artistes dont il fut admiré (Monet, Courbet, Jongkind...), il est particulièrement célèbre pour les nombreuses marines réalisées tout au long de sa vie.