13, impasse Poule

13, impasse Poule est la traduction française inédite du récit autobiographique de l’artiste Boris Zaborov (né en 1935, mort en 2021) paru en russe en 2018. D’un évènement à l’autre, l’auteur dresse librement le tableau de son développement spirituel et professionnel, exposant sa visée créatrice autant que sa vision de la culture mondiale. Le récit comprend une description des événements tragiques de son enfance en temps de guerre, et couvre toute la vie ultérieure de l’auteur jusqu’en 2018.

Traduit du russe par Nadine Dubourvieux

Date de publication : 23 mai 2025
Format : 16 x 20 cm
Nombre de pages : 320
ISBN : 978-2-85035-189-1
Prix : 25 €

« L’œil de Boris Zaborov suit, au fil de sa mémoire, un parcours contrasté autant qu’imprévisible, aux allers et retours entre temps et lieux, entre passé lointain et passé proche, qui de fait ressemble, au moins de prime abord, au parcours de la danse harmonieuse d’une abeille butinant parmi les innombrables fleurs d’un champ très étendu. Et les chercheurs entomologistes de déceler un algorithme biologique expliquant les données relatives à ce vol. Mais pour un esprit humain aussi riche, profond et original que celui de Zaborov possédant dans ses gènes le lyrisme littéraire de la grande Mère Russie et un sens atavique hébraïque du voyage, aucun algorithme ne peut lui imposeur un parcours qui ne soit pas absolument suggestif, libre et profondément personnel.

Aussi le récit de sa vie aux multiples expériences et rencontres, de son enfance à Minsk, expose-t-il maints souvenirs. En eux apparaissent (dans un désordre chronologique proche d’un défilé aléatoire visionnant le théâtre du monde) les oppressions du stalinisme, les inoubliables années de la formation artistique en cette même ville de Minsk, mais en outre celles inculquées et transmises à Léningrad et Moscou, les tragédies de la guerre, les rencontres avec des personnages charismatiques, et bien évidemment les amitiés, les aurores frémissantes, les années vécues ou imaginaires, les maladies, les disparitions. Sont aussi abordés les attentions indésirables du KGB, les rencontres imprévues, les trains de nuit, l’émigration successive à Vienne puis à Paris. Et comme dans toute pièce théâtrale de valeur y figurent des pauses, des intermèdes, voire même des songes qui participent avec naturel au rythme de la narration.

Certes, si B. Zaborov décrit de manière précise autant que modeste ses succès artistiques, la reconnaissance de son talent (en témoignent le succès de ses expositions en Europe et dans le monde entier incluant l’accueil ô combien gratifié du Musée Pouchkine de Moscou voulue par sa directrice Irina Aleksandrovna Antonova, mythique doyenne des historiens de l’art et responsables du musée), il expose et analyse sensations et émotions dans des pages d’une grande finesse toute proustienne, brillantes et viscéralement lyriques. Cela peut renvoyer à la vue d’un vaste paysage aux multiples et fluides couleurs sous l’infini du ciel ou illustrer un souvenir tel celui de la peau claire d’une jeune femme à l’épaule nue légèrement effleurée. Toutefois, son regard d’artiste s’affirme dès l’enfance lorsqu’il voit la plus habituelle des images à savoir celle d’une vision perçue dans le matin au sein d’une isba. Il convient de rappeler ce que B. Zaborov précisait : « au centre une tache aveuglante, rougeâtre, au croisement des ombres dans la perspective d’une fenêtre siégeait assis - trônant, le chat noir de la maison, immobile, monumental, tel un sphinx, pattes intérieures tendues et postérieures repliées à l’instar d’une gravure de Gustave Doré. Du museau il rencontrait l’élastique et fragile rayon de lumière provenant de la fenêtre. Des myriades de grains de poussière s’agitaient sans cesse dans ledit rayon sans dépasser la frontière, nettement distincte, entre lumière et ombre ». Le rouge et le noir, la lumière et l’ombre, la position statufiée voire hiératique du chat et le voile toujours en mouvement de la poussière que le soleil dorait…. Tels sont ces ingrédients quotidiens et en même temps ces ingrédients archétypaux qui forgent et déterminent une originale vision picturale de la vie, celle de B. Zaborov, qui dès lors lui impose à jamais son enchantement. »

Cristina Acidini, Presidente dello Accademia delle Arti del Disegno di Firenze.
Extrait de l’introduction de la traduction italienne de l’ouvrage.

Les auteurs

Né à Minsk en 1935, Boris Zaborov est le fils du peintre Abram Zaborov. Il fait ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg (1955-1958) puis à l’Académie des Beaux-Arts de Moscou (1958-1961). Peintre, dessinateur, graveur, scénographe, décorateur de théâtre, illustrateur littéraire, Boris Zaborov reçoit de nombreux prix. En 1980, il s’installe à Paris afin de se consacrer entièrement à la peinture, s’inspirant notamment de la photographie d’époque pour ses travaux. Sa première exposition personnelle a lieu en 1983 à la Galerie Claude Bernard. Il expose en 1981 au Musée Mathildenhöhe, au Palais de Tokyo à Paris en 1989, au Musée Pouchkine à Moscou en 1995. Une grande rétrospective est organisée au Musée national des Beaux-Arts de Biélorussie en 2010, à Minsk. En 2012, Boris Zaborov est fait Académicien d’honneur de l’Académie des Beaux-Arts de Russie et Chevalier des Arts et des Lettres de la République française, puis Académicien d’honneur de l’Accademia delle Arti del Disegno de Florence en 2018. Il décède le 20 janvier 2021.

Extraits

« En rédigeant ces souvenirs, j’ai fait le choix de la mémoire des sens et des émotions. Tout en ayant conscience de la précarité de ce matériau, peu adapté peut-être à une mythologie personnelle, je bâtis néanmoins sur ce sable. Me revient non pas l’enchaînement des événements mais ce qui émerge à la lumière. Il me paraît plus amusant de cheminer à la faveur des brusques lueurs de la mémoire, et peu importe si les faits se mêlent, s’entrecroisent ou s’embrouillent. Une chronique n’est pas mon propos "Et si je me trompe – alors je m’en balance. / Sur mon erreur, quoiqu’il arrive, je resterai campé" (citation d’un poème de Pasternak à Anna Akhmatova) »

Écrits d’artistes

Passé le moment des avant-gardes, la discussion sur l’art est abandonnée aux professionnels du discours, et l’on oublierait presque que les artistes sont les premiers à penser leur pratique, que la peinture et la sculpture pensent. Réflexions, propos, notes, journaux, correspondances ou entretiens : la collection « Écrits d’artistes » entend actualiser ce fonds d’une grande richesse, bien souvent ignoré, pour donner à entendre la voix des praticiens de l’art.

Once the moment of the avant-garde is gone, discussions on art are left to the speech professionals. Then, one could nearly forget that artists are the first to consider their practice, that painting and sculpture think. Reflections, remarks, notes, diaries, correspondences or interviews : the collection “Writings by artists” aims to update this considerable fund, frequently ignored, to give a voice to the practitioners of art.