L’œuvre de Hans Holbein (1497-1543), énigmatique, en puissance, prophétique, aimantée par le futur, aura attendu notre postmodernité pour libérer son énergie symbolique. Cet essai provocateur renverse la perspective historique et postule que Holbein a été influencé par Andy Warhol.
Le XVIe siècle est anachronique. Si l’on entreprenait l’histoire de ses avatars à travers les âges, compte tenu de ses productions artistiques à effet retard, on constaterait qu’il se superpose curieusement au nôtre ; et même, qu’il nous le révèle pour en avoir été le chantier. Ainsi, l’œuvre de Hans Holbein, virtuelle, en puissance, aura attendu notre postmodernité pour libérer son énergie symbolique. On pourrait dire d’une certaine manière que Holbein a été influencé par Andy Warhol, comme s’il avait pressenti une lecture postmoderne de ses œuvres. Ce livre est un essai d’histoire de l’art inversée, qui substitue au déterminisme réducteur l’aimantation libératrice d’un regard futur : le nôtre.
Titres des chapitres : Anachronisme – Gaucherie – Business – Carmagnole – Prestidigitation – Putain ! – Idiotie – Travesti – Conjugalité – Regard – Perturbation – Tempérament – Tumescence – Parallaxe – Suicide – Anamorphose – Jouissance – Neutralité – Silence ! – Quanta – Errement
Les auteurs
Michel Thévoz est né en 1936 à Lausanne. Philosophe et historien de l’art proche de Dubuffet, il a été conservateur de la Collection de l’Art Brut depuis sa fondation en 1976 et jusqu’en 2001. Il a publié une trentaine d’ouvrages, notamment sur l’art des fous, le suicide, le spiritisme, l’infamie, le reflet des miroirs, la pathologie du cadre et le « syndrome vaudois ».
Presse
Étienne Dumont, Bilan.ch
Mara Goyet, L’Obs
Annabelle Hautecontre, Le salon littéraire
Gérard-Georges Lemaire, visuelimage.com
Marc Lenot, Lunettes rouges
Christian Rosset, Diacritik
Christian Ruby, nonfiction.fr
Yves Tenret, Bonpourlatete.com
Extraits
On ne sait quasiment rien de Holbein lui-même, sinon qu’il fut un virtuose dans la réalisation comme dans la promotion marchande de ses peintures ; qu’il joua des coudes au point d’être impliqué dans des rixes ; qu’il épousa une veuve fortunée, qu’on disait acariâtre, et à laquelle il fit deux enfants ; qu’il abandonna sa petite famille pour aller s’enrichir à Londres, où il eut de nouveau deux enfants, mais cette fois « naturels » ; qu’il eut la réputation d’un « homme à femmes », luxueusement vêtu et dépensier ; que, rentré d’Angleterre, il était « habillé de soie et de velours, mais dans l’incapacité d’acheter son vin autrement qu’au verre », selon le témoignage du petit-fils du collectionneur et ami Amerbach ; et qu’il fut le parfait représentant du microcosme people de l’époque aussi bien à Bâle qu’à la cour d’Henri VIII à Londres.
Son autoportrait à l’âge de quarante-cinq ans n’en dit pas beaucoup plus : c’est celui d’un peintre qui se regarde en train de se regarder, une pure auto-réverbération qui fait précisément penser à cette réflexion (le mot est bienvenu !) d’Andy Warhol : « Les gens disent toujours que je suis un miroir – si un miroir regarde dans un autre miroir, qu’est-ce qu’il peut bien voir ? ». Déjà, sur le plan biographique, comment ne pas faire la relation entre Hans Holbein, petit-fils d’un tanneur augsbourgeois et devenu peintre officiel dans une des cours les plus puissantes du monde, et Andy Warhol, chassé par la misère d’une Ruthénie médiévale pour devenir la coqueluche de la high society new-yorkaise ?