Hivernies

« Cette série s’inscrit dans le prolongement du projet Erdgeist, démarche née de la fréquentation de paysages dont l’intensité croît avec la latitude. Ces paysages, marqués par l’absolu et la transcendance, me portent à interroger leur mystérieuse soumission aux puissances invisibles, me référant à la culture chinoise, à la notion de vide et de plein chère à François Cheng, et au lien du pinceau et de l’encre. Je me propose ici de rendre l’immatériel contenu dans le tangible, de livrer un espace muet et originel que la thématique de l’hiver, devenue pour moi objet de culte, exprime métaphoriquement. L’irruption de l’hiver au-delà du cercle arctique avec sa puissance hostile offre à l’artiste l’opportunité d’une quête du sacré. Le dépouillement de cette saison, ses formes vouées à l’effacement, nous invite à méditer sur l’infime, le vide, le silence, à appréhender le monde réel tapi dans son invisibilité. Les sensations y rejouent perpétuellement la création du monde. » [Patrick Bogner]

Préface et entretien avec l’auteur par Daniel Payot

Date de publication : 6 décembre 2024
Format : 21 x 25 cm
Poids : 650 gr.
Nombre de pages : 144
ISBN : 978-2-85035-173-0
Prix : 30 €

« Des paysages du Grand Nord, les images de Patrick Bogner montrent de singulières façons d’apparaître, les figures étranges qu’y dessinent l’eau, la neige, la glace, les reliefs, les ciels, agencements souvent insolites que ponctuent parfois quelques signes des rares survivances végétales et animales que ces rudes contrées abritent ou qui les parcourent. C’est la part documentaire, incontestable, de ses photographies. Mais le regard qui s’attarde découvre très vite en elles bien d’autres choses, qui débordent toute intention didactique. Des sortes d’invocations. […] Les images de Patrick Bogner invoquent parce qu’elles laissent se dire en elles ce que serait une relation, assumée malgré ce qui la rend peut-être impossible, avec l’indompté. Les hivers qu’elles détaillent sont des silences sans commencements ni fins, les mouvements s’y sont figés, les courses y ont durci aussitôt esquissées. L’œil s’aventure dans des étendues que l’on n’aborde qu’en s’en protégeant, contrées farouches dans lesquelles s’égarer aurait pour seule issue la mort. Il y découvre une version de l’inhabitable : sol et air transis dans une durée immuable, sans passé ni avenir, terres inexorablement dépeuplées parce que saisies dans un présent perpétuel que rien n’interrompt. […] Dans le Grand Nord, Patrick Bogner invoque des énigmes : signatures indéchiffrables, traces d’on ne sait quoi, d’on ne sait qui, qui rythment la peau infinie, uniforme, intraitable de la neige. […] Il invite la photographie à devenir le support d’une méditation de l’insaisissable. […] Le geste photographique est d’abord une attente. L’œil ne prend pas, il se tend, concentré, vers les lieux et les instants où quelque événement pourrait surgir de l’insondable, où l’indompté pourrait soudain faire don d’une partie de sa secrète abondance. […] Les Hivernies sont des lieux et des instants d’écoute, d’attente et finalement de gratitude témoignée envers un infini apparemment vide et immensément silencieux, et d’où pourtant surgissent des choses et des visages, traces inépuisables de présents inexpliqués. » [Daniel Payot, extraits de la préface]

Les auteurs

Photographe indépendant depuis 1982, Patrick Bogner vit et travaille à Strasbourg. Ses thèmes de prédilection s’articulent autour de l’Ailleurs, cet autre lieu qui ne serait pas un lointain, mais l’envers d’un lieu, un ailleurs qui aurait besoin de la photographie pour s’incarner. Il arpente les terres nordiques après avoir, vingt années durant, foulé les terres reculées d’Amérique latine. Il explore, dès 2015 la thématique du Sublime, du silence et de la « tragédie du paysage » chère aux premiers romantiques allemands, ceux du cercle d’Iéna.
Son site Internet.

Presse

André Hirt, Opus 132

Photographie

Cette collection rassemble des livres de photographie ainsi que diverses collaborations entre photographes et écrivains. Chaque volume se définit par sa volonté d’expérimenter des rapports, chaque fois singuliers, entre dimension visuelle et dimension textuelle. Photographies et récits travaillent ensemble pour affiner notre regard sur le monde, ses populations de toutes sortes, ses étranges rebuts, ses grands espaces.