Au fil des jours — Agendas 1927-1946

Datés des années 1927 à 1946, les vingt agendas de Pierre Bonnard qui nous sont parvenus couvrent presque, au jour le jour, les vingt dernières années de sa vie. Ils offrent donc un éclairage jusqu’à présent inédit sur la recherche quotidienne d’un peintre en sa dernière maturité. En regard du relevé bref et assidu du temps qu’il fait, de la qualité de la lumière et des lieux visités, Bonnard, inlassablement, dessine au crayon de papier ce qu’il voit, silhouettes, visages, gestes, objets, paysages. Autant d’esquisses qui préfigurent les motifs et la composition de certaines grandes peintures.
Le dessin c’est la sensation. La couleur c’est le raisonnement. Si cette observation de l’artiste nous renseigne sur une méthode qui s’alimente aussi bien aux visions les plus soudaines qu’au lent travail de l’atelier, le présent livre constitue bien une révélation.

Date de publication : 12 avril 2019
Format : 21 x 25 cm
Poids : 1200 gr.
Nombre de pages : 280
ISBN : 979-10-92444-78-0
Prix : 35 €

Paul Signac notait : « Dans le petit carnet dont il ne se sépare jamais, ou mieux, toujours dans sa mémoire, il jette pêle-mêle tout ce qui se présente à lui. Il pense, aime et exprime tout ce qu’il voit : la tarte du dessert, l’œil du chien, un rayon de soleil à travers la fenêtre aveugle, l’éponge du bain. Ainsi, totalement par instinct, sans même tenter de donner une apparence de réalité à ces objets souvent illisibles, il exprime son amour de la vie dans des tableaux magnifiques, toujours nouveaux de composition. »
Cet ouvrage (co-édité avec la BNF et le Musée Bonnard du Cannet) présente pour la première fois une étude approfondie des carnets de l’artiste, reproduisant près de 400 pages de carnets pour la plupart inédites.
Bonnard utilisait ses agendas comme carnets de notes et de croquis. Si quelques agendas antérieurs à 1927 ont été perdus ou sont encore en mains privées, ceux conservés au département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France, ont le mérite de présenter un ensemble homogène de dessins croqués sur le vif et d’annotations faites par l’artiste au fil des jours entre 1927 et 1943. Bonnard utilisait des agendas de petites dimensions, « Bijou » ou « Mignon », qu’il pouvait garder sur lui en permanence et dans lesquels il écrit et dessine presque quotidiennement.
L’artiste y consignait des éléments qui peuvent sembler prosaïques comme la liste des courses, ses rendez- vous. Il notait également quotidiennement le temps qu’il faisait, élément important pour un peintre attentif aux effets de la lumière et le lieu où il se trouvait, lorsqu’il était en déplacement.
On trouve également quelques notations artistiques à proprement parler. Ces notations témoignent de la recherche perpétuelle de l’artiste de moyens plastiques aptes à traduire l’émotion. « Il ne s’agit pas de peindre la vie. Il s’agit de rendre vivante la peinture. » Ces remarques sont bien plus des intuitions nées de son expérience de peintre que l’énoncé de théories artistiques.
Ces agendas renferment surtout de multiples croquis qui permettent d’appréhender sa recherche constante autour des motifs auxquels il s’attache dans ces années. Il notait tout un répertoire de formes qu’il exploitait ou non ensuite dans ses peintures : nus, portraits, parfois paysages. Les motifs empruntés à son quotidien sont très présents : portraits de ses proches, animaux domestiques, lieux familiers. Il lui arrivait de tourner autour d’un sujet, jouant sur le cadrage, la composition, sans souci de la couleur. Ses recherches autour des nus à la toilette sont particulièrement révélatrices de cette approche. On assiste ainsi à la genèse des nus dans le bain. On trouve également plusieurs portraits, thème récurrent de son œuvre notamment à la fin de sa vie. Les paysages, croqués souvent au cours de vacances, sont également nombreux et s’avèrent plus présents que dans ses peintures.
Ces dessins permettent à l’artiste de délimiter ses sujets, d’en déterminer les contours et les volumes sans recourir à la couleur. Certains se limitent à quelques lignes traduisant une vision fugace. Les motifs émergent le plus souvent d’une profusion de traits hachurés qui permettent de suggérer l’ombre et le volume, et semblent évoquer les couleurs.
Ces carnets permettent de rentrer dans l’intimité de l’artiste et de saisir au quotidien sa perpétuelle quête plastique.

Ouvrage coédité avec la Bibliothèque nationale de France et le musée Bonnard du Cannet, grâce au concours de la Fondation Meyer.

Les auteurs

Homme des XIXe et XXe siècles, la personnalité de Pierre Bonnard (1867-1947) s’est façonnée entre la fin de l’impressionnisme, le mouvement nabi dont il est l’un des principaux artisans, pour ensuite s’affranchir de tout courant artistique et de toute convention développant une image très personnelle. Prédomine alors son regard sensible sur le monde dans lequel une nature enchantée, vibrante et lumineuse s’oppose à la réalité. Sous une apparence de tranquille simplicité, l’œuvre de Bonnard se révèle complexe, pleine de nuances et comme détachée du temps.

[Pierre Bonnard, Autoportrait, 1924, encre et crayon sur papier, 11 x 6 cm.]

Presse

Articles de :

Philippe Chauché (« La cause littéraire »)
Arnaud Jamin (« Diacritik »)
Gaëlle Obiégly (« Florilettres »)
Fabien Ribery (« L’Intervalle »)

Jacqueline Attidore (« Ligeia »)
Christophe Comentale (« Arts et Métiers du Livre »)
Matthieu Gosztola (« Europe »)
Stéphane Guégan (blog « Moderne »)
Serge Hartmann (« Les Dernières Nouvelles d’Alsace »)
Éric Loret (« The Art Newspaper »)
> cf. fichier PDF ci-après

Extraits

Feuilleter… Au fil des jours - Agendas de Bonnard

Squiggle

Chaque volume monographique de cette collection suit un artiste dans son « tracé libre », selon la formule par laquelle J.-B. Pontalis traduit l’intraduisible mot anglais squiggle. Jeu de dessin à deux que pratiquait le psychanalyste D. W. Winnicott avec ses patients enfants, le squiggle instaurait une atmosphère de communication spontanée. Entendu dans une acception élargie, il nommera ici l’espace ménagé dans chaque œuvre au dialogue, à l’imprévu, à l’inconnu.