En lieu et place

Dans ce livre, qui prend parfois les allures de « symphonie urbaine », Olivier Domerg nous invite à nous interroger sur « la sensation du lieu » et sur « le lieu comme sensation ». Ce lieu, en l’occurrence, est une place ; et, comme toutes les places, un lieu « ouvert », par excellence, sur le paysage urbain, les rues, le ciel, les flux qui s’y croisent, et sur la ville elle-même, dont elle est souvent le centre. Lieu évidemment de passage, mais aussi de « rencontre » et de « retrouvaille », de « pauses » et de « flâneries ». Un endroit où la ville semble faire corps avec elle-même, se condenser et à la fois se déployer ; et où quelque chose d’un plan, d’une forme et d’un sens s’affirment. Se donnent à voir et à entendre.

Date de publication : 8 juin 2018
Format : 16 x 20 cm
Poids : 380 gr.
Nombre de pages : 144
ISBN : 979-10-92444-69-8
Prix : 20 €

Postface de Michael Foucat :

Dans ce livre, qui prend parfois les allures de « symphonie urbaine » puisqu’il est composé d’un « prologue », de quinze « mouvements » et d’un « final », Olivier Domerg nous invite à nous interroger sur les sensations que procurent les lieux, et plus précisément, sur ce que serait « la sensation du lieu » et sur ce qu’il désigne par « le lieu comme sensation ». Ce lieu, en l’occurrence, est une place ; et, comme toutes les places, un lieu « ouvert », par excellence, sur le paysage urbain, les rues, le ciel, les flux qui s’y croisent, et sur la ville elle-même, dont elle est souvent le centre. Lieu évidemment de passage, mais aussi de « rencontre » et de « retrouvaille », de « pauses » et de « flâneries ». Un endroit où la ville semble faire corps avec elle-même, se condenser et à la fois se déployer ; et où quelque chose d’un plan, d’une forme et d’un sens s’affirment. Se donnent à voir et à entendre.

En lieu et place est donc et n’est donc pas un livre sur une place précise, et clairement nommée, la place Ducale, à Charleville-Mézières (quand bien même la particularité de cette place, sa « qualité différentielle », dirait Ponge, mériteraient à elles seules un livre). Pour autant, si cette place n’est pas n’importe laquelle, elle vaut et vaudra pour toutes les autres. Et ce livre, parle et parlera, à travers elle, de toute place. De toutes les places.

En tant que place, elle est et sera, à la fois, unique et universelle, singulière et exemplaire ! Elle se présente, dès lors, pour l’auteur, moins comme parangon que comme « modèle vivant », sujet réel d’étude en acte et en direct  ; puisque tout entre en ligne de compte, l’architecture, les conditions de lumière et de ciel, le lieu en tant que tel, son instance, sa présence, son histoire et sa prestance ; et tout ce qui y passe ou y survient : les gens, leurs déambulations, leurs stations éventuelles, leurs déboulés automobiles, leurs « évitements ou collisions », et même et pourquoi pas, leurs cris, leurs expressions, leurs éclats de rire, leur « chorégraphie involontaire », leurs conversations.

Sans être un essai, ce livre, extrêmement littéraire et nourri de littérature, pose des questions pertinentes : de quoi les places sont-elles le lieu ? Qu’induisent-elles dans la ou les villes ? Que produisent-elles sur nous, en terme de relation à l’espace, d’appréhension d’une ville, ou, tout simplement, de « sensations » ? Et, qui plus est, fabriquent-elles également du « nous » – attitudes, façons de se croiser, de se retrouver, d’évoluer concomitament sur la même aire, de se rassembler et de partager – ne serait-ce que cet apaisement, ce besoin de « faire halte en ce lieu qui s’y prête » ; que ce plaisir spatial, sensoriel ou esthétique que l’on peut y ressentir. L’hypothèse, avancée ici par l’auteur, est qu’une place, lorsqu’elle est en tout point réussie, qu’elle remplit son rôle et sa fonction, nous dit beaucoup sur « la façon dont une ville respire », et, « en ce lieu », chacun d’entre nous avec.
Quelle est la vertu même d’une place au sein du tissu urbain, se demande encore l’auteur ? Être « un paysage fixe et cependant mouvementé » ? Être un lieu de vie et de vision, un lieu où la ville, à tout coup, se recentre et s’exprime ? Être le carrefour réel de tous les parcours, de tous les frottements, de toutes les fictions et de toutes les affirmations, individuelles ou collectives, qui y prennent naissance ou s’y révèlent ?

Voilà un livre qui, s’agissant de Charleville-Mézières, ne pouvait être qu’éminemment urbain et poétique (au sens où il est hanté par la question du poème et de la poésie), et, également, rythmique et musical (une place est aussi un « théâtre constant », une scène concrète qu’orchestre l’heure, la foule, « les conditions de lumières », le ronflement des moteurs, les mouvements ordonnés ou aléatoires, le bruissement des voix et le « cliquètement des pneumatiques sur le pavé »). Spécialiste du paysage, l’auteur, non sans invention ni humour, aiguise une nouvelle fois nos sens quant à lui, en composant ce « roman d’une place », cette ode prosaïque à « la Ducale », entièrement tournée vers sa célébration, en tant qu’espace et lieu, donnant, à la ville, sa véritable dimension.

Répétons-le, ce livre éprouve, raconte, saisit, ce que cette place, « poumon de la ville », « produit sur nous » ; passant au crible sa construction, son usage, sa fonction ; et tout autant, « la fiction dont elle est le lieu », son espace de résonance et d’énonciation, dressant, à partir d’elle et sans en avoir l’air, « un portrait en creux de la ville ». Par de multiples variations et points de vue, l’auteur nous invite, au centre ou sur les côtés, à prendre le temps de nous arrêter sur elle, un moment – à « vivre pleinement le lieu » ; à se repaître de « cette clairière aux murs de brique et de pierre », en commençant par sa spatialité même, sa conception et ses dimensions physiques ; de se laisser traverser par ce qui la traverse, et en somme, de lui « faire place », tout en écoutant « battre la mesure de son centre prestigieux ».

Les auteurs

Il écrit depuis plus de vingt-sept ans sur le paysage ou dans le paysage, et souvent également, devant lui ou au-devant de lui. Une vingtaine d’ouvrages ont paru, abordant aussi bien des espaces urbains (Treize jours à New York, voyage compris), des lieux multiples ou isolés (Le ciel, seul ; Restanques  ; Une Campagne), ou encore, des espaces naturels ou des entités géographiques – océan, montagne, fleuve ou département (L’articulation du visible ; Fragments d’un mont-monde ; Rhônéo-Rodéo ; Le chant du hors champ, etc.). Chaque nouveau livre est l’occasion d’une nouvelle saisie ou appropriation ; un pas en avant dans une tentative ouverte, constamment re-questionnée ; et, par conséquent, réactivée ; avec, pour chaque paysage, une volonté de trouver son écriture et sa forme.

Presse

Articles de Didier Ayres (« La cause littéraire ») ;
Guillaume Basquin (« Libr-Critique ») ;
Jean-Paul Gavard-Perret (« le littéraire.com ») ;
François Huglo (« Sitaudis ») ;
Christophe Stolowicki (« Libr-Critique »).

Extraits

Feuilleter… En lieu et place

Essais sur l’art

L’essai est une forme qui se détermine à chacun de ses usages, une forme différant sans cesse d’elle-même, autrement dit une forme ouverte. Ne jamais quitter le terrain de l’expérimentation pour celui de la certitude, c’est ce que voudraient permettre ces « essais sur l’art », qui dans leur pluralité ont en commun de chercher moins à dire une vérité figée sur les œuvres qu’à remettre en jeu et en mouvement leur secret.
« Un discours sur l’œuvre de peinture qui ne serait autre que le discours de l’œuvre de peinture est-il possible ? » (Louis Marin) — voilà qui pourrait être un des enjeux de cette collection.

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