L’Insaisissable

« Déçu par les commentaires qui font de la peinture un moyen ou une image, j’ai tenté de l’approcher à la façon des mathématiciens qui nomment “x” ce qu’ils cherchent et le déterminent peu à peu par une multiplicité d’équivalents. »

Date de publication : 24 février 2024
Format : 16 x 20 cm
Nombre de pages : 88
ISBN : 978-2-85035-156-3
Prix : 15 €

Ouvrage publié en coédition avec la Librairie Ombres blanches (Toulouse).

Les auteurs

Jean-Louis Bentajou vit dans la région toulousaine. Professeur de philosophie aujourd’hui à la retraite, il ne cesse de peindre, de travailler la couleur. Car c’est la recherche toujours plus intense des aspects, des formes, des visages de la couleur qui meut le pinceau de cet artiste.

« Penser en peinture : vivre pendant plusieurs mois en compagnie d’un essaim de couleurs, les tourner, les retourner jour après jour, les essayer l’une contre l’autre jusqu’à ce que chaque touche s’ajuste à toutes les autres. Comme à ce moment de conjonction furtif où l’eau et le soleil entrant en coïncidence, le ventre d’un poisson, jusque là invisible, brille dans un éclair blanc. » Jean-Louis Bentajou.

Extraits

Une peinture appartient à tous, à condition de toucher chacun dans ce qu’il a de plus intime.
Universelle sans cesser d’être unique. Comme si on finissait par s’apercevoir qu’elle tenait à toutes choses. Comme la pierre à la voûte pour laquelle elle est taillée.

*

Dans cette espèce si particulière de parole je désire la part de terre. Tout ce qui fait du tableau une presque chose, un sens égal à son corps. Sa fragilité et sa disparition toujours possible. Tout ce qu’il impose comme précautions pour le voir, la couleur des murs, l’éclairage, etc.

*

Ce qu’un peintre voit n’est pas ce qu’il regarde. Il ne peut le montrer qu’en le faisant.

*

Tous ces peintres qui sacralisent le motif comme s’il était le garant suprême : « la réalité », disent-ils ! Le point idéal de cristallisation. Pour moi la réalité, le motif, ce sont tous les moments sensibles de ma vie ; ce qu’elle a été ; ce qu’elle est ; l’indéfini qui la contient.

*

En perdant le monopole des images, la peinture a perdu ses fonctions, ses raisons d’être. On ne lui demandera plus rien. Délogée (ou délivrée ? ) de toutes les croyances, que viendrait-elle faire dans nos vies ? Et dans celle du peintre qui s’obstine ? Pourtant, à tous ceux (je ne nie pas leur nécessité, ni leurs compétences) qui desservent la grande machine à distraire et prétendent que la peinture a fait son temps, qu’elle est maintenant impossible, je réponds que c’est justement ça, sa matière, que c’est à l’impossible qu’elle puise.

*

La peinture que je cherche ne montre rien de déterminé. Des qualités en lévitation, sans attribution. Comme autant de pivots en attente pour des métaphores imprévisibles. Des états, des adjectifs qui vont à la rencontre d’on ne sait quoi.

Écrits d’artistes

Passé le moment des avant-gardes, la discussion sur l’art est abandonnée aux professionnels du discours, et l’on oublierait presque que les artistes sont les premiers à penser leur pratique, que la peinture et la sculpture pensent. Réflexions, propos, notes, journaux, correspondances ou entretiens : la collection « Écrits d’artistes » entend actualiser ce fonds d’une grande richesse, bien souvent ignoré, pour donner à entendre la voix des praticiens de l’art.

Once the moment of the avant-garde is gone, discussions on art are left to the speech professionals. Then, one could nearly forget that artists are the first to consider their practice, that painting and sculpture think. Reflections, remarks, notes, diaries, correspondences or interviews : the collection “Writings by artists” aims to update this considerable fund, frequently ignored, to give a voice to the practitioners of art.

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