De quoi l’art brut est-il le nom ?

« De quoi l’art brut est-il le nom ? », colloque organisé à Cerisy du 18 au 22 mai 2022, s’inscrit dans un contexte où les débats sur le terme d’art brut et la reconnaissance des œuvres qui lui sont associées progressent de concert. Décloisonnement des catégories artistiques, esthétiques de la réception, motivations et agentivité du geste créateur ont constitué autant de domaines de recherche et d’expérimentation autour desquels a gravité la plupart des interventions, mettant ainsi la recherche sur l’art brut au diapason des questions les plus actuelles de la recherche contemporaine et du monde de l’art.

Collectif, sous la direction de Christian Berst

Date de publication : 18 juin 2025
Format : 16 x 20 cm
Nombre de pages : 400
ISBN : 978-2-85035-182-2
Prix : 25 €

L’art brut demeure sans doute l’un des derniers grands impensés de l’art. Même si — comble du paradoxe pour un art que Jean Dubuffet voulait "épris d’obscurité" — celui-ci est plus que jamais sous les feux de la rampe, de la Biennale de Venise au Musée Guggenheim en passant par le Musée d’art moderne de la Ville de Paris et le MoMA, il ne cesse de susciter interrogations, émerveillements, et remises en cause.

Preuve de la capacité sans cesse renouvelée d’œuvres « hors-norme », créées par des artistes évoluant le plus souvent dans une altérité sociale ou mentale, de chambouler « l’horizon d’attente » de leurs spectateurs, introduisant ainsi un ferment disruptif au sein des mécanismes de création, de validation et d’exposition du monde de l’art.

Preuve également de l’instabilité sémantique d’une notion qui, depuis trois quarts de siècle, semble singulièrement rétive aux tentatives de définition ou de systématisation : tout en proclamant, au milieu des années 1940, l’existence d’un « art brut » qui s’affirme avec l’évidence d’un phénomène naturel, Jean Dubuffet ne l’a-t-il pas également placé sous le signe d’une étrange amnésie ? Personnage à la Calvino, perpétuellement en quête de définition, « l’art qui ne sait pas son nom » semble devoir nous inviter à un questionnement ouvert, à condition du moins de s’affranchir du manichéisme de ses débuts.

Il semble donc crucial que les instances culturelles s’y attèlent, même s’il faut pour cela qu’elles se dotent de nouveaux outils pour en saisir toute la portée. L’examen de ce champ — sans concession ni complaisance pour les dogmes du passé — permettra de mieux comprendre le travail que font les œuvres d’art sur ceux qu’elles émeuvent, afin de rédiger ce chapitre essentiel qui fait encore largement défaut à l’histoire de l’art.

Dans ce but, un colloque fondamentalement interdisciplinaire s’est déroulé à Cerisy du 18 au 22 mai 2022, associant des intervenants issus de l’université — combinant ainsi les méthodologies respectives de l’histoire de l’art et des idées, de la philosophie, de la sociologie, et de la littérature française et comparée — mais aussi des praticiens — psychanalystes, commissaires d’exposition, critiques d’art, galeristes, collectionneurs — afin de croiser les approches et de faire surgir de nouvelles perspectives sur un sujet encore largement inexploré.

Rassemblant les 16 contributions du colloque de Cerisy et la retranscription des discussions entre les intervenants, cet ouvrage enrichi de 60 illustrations, d’une bibliographie de près de 200 entrées et d’un index contenant plus de 400 noms, constitue une somme de réflexion interdisciplinaire édifiante et un outil de travail actualisé sur la question de la place de l’art brut dans l’histoire de l’art.

Contributions de Christian Berst, Antoine Frérot, Jean-Marc Leveratto, Choghakate Kazarian, Raphaël Koenig, Marina Seretti, Annie Franck, Pascal Pique, Gustavo Giacosa, Marc Lenot, Chiara Sartor, Bruno Dubreuil, Carles Guerra, Jean-Hubert Martin, Claire Margat, Corinne Rondeau.