Le travail photographique de Jean-Jacques Gonzales

Jean-Jacques Gonzales se déclare photographe à la manière des Primitifs pour qui le recueil et la conservation d’une image du monde constituaient la merveille. Son projet est de retrouver cette émotion originaire en contrecarrant l’effacement progressif des traces du médium dans son « perfectionnement » sans fin et de sa solidarité ontologique avec le monde abolie aujourd’hui par l’instantané numérique. S’impose alors une tâche pour la photo-graphie : celle d’être une « graphie » au sens non pas d’une écriture déployée par un « vouloir-dire » de l’artiste ou par l’affirmation des puissances de la technique, mais en son sens premier de recueil d’une griffure, d’une trace, d’une marque, d’une impression sensible reçue du motif, pour libérer les puissances qui s’y réservent.
Lutter contre le premier rendu de la prise de vue, le déporter hors de son évidence native par le travail patient de l’atelier, le dé-faire, le désécrire selon les termes de Jérôme Thélot dans l’essai qui ouvre cette monographie, est le travail auquel s’astreint Jean-Jacques Gonzales : « C’est un travail du négatif qui vient à perturber, à désécrire les constructions optiques de l’appareil pour ouvrir l’image finale à la réalité du motif et à sa présence même. » Il s’ensuit dans cette œuvre une poésie de la présence, dans laquelle toute réalité profonde s’offre et se dérobe à la fois, proche et lointaine, évidente et retirée, et qui ne peut être ralliée qu’au prix d’un effort radical contre toute rhétorique de l’image.

Date de publication : 5 juin 2020
Format : 21 x 25 cm
Poids : 880 gr.
Nombre de pages : 200
ISBN : 978-2-85035-007-8
Prix : 30 €

Les auteurs

Jean-Jacques Gonzales est né à Oran en 1950. Son père, photographe amateur, l’initie aux techniques de la prise de vue et à l’usage du Folding, un Voigtländer qu’il utilise toujours. Il quitte l’Algérie, en juin 1962, pour la France. Il enseigne la philosophie à Paris et parallèlement engage une activité de photographe. Au début des années quatre-vingt il est membre de l’agence photographique Viva/La Compagnie des Reporters qu’il quitte pour se consacrer à des travaux personnels. En 1997, il écrit un récit, Oran, dans lequel il renoue avec la mémoire enfouie de son enfance aux prises avec la guerre d’Algérie. Désormais les questions de l’exil, de la trace, de l’absence orienteront le développement de ses travaux tant littéraires que photographiques. En 1998, il est éditeur chez Séguier où il crée des collections consacrées au bassin occidental de la Méditerranée. En 2003, il rejoint Mathilde Ribot aux éditions Manucius où il publie des ouvrages de philosophie et d’esthétique des œuvres d’art. Aujourd’hui, il vit et travaille entre Paris et Biarritz. Il est notamment l’auteur de Albert Camus, l’exil absolu, 2007 ; Ébauche de Mallarmé, 2013.
Son site Internet.

Jérôme Thélot, ancien élève d’Yves Bonnefoy au Collège de France, disciple aussi de René Girard et de Michel Henry, est essayiste et traducteur, et professeur de littérature française à l’Université de Lyon. Ses écrits portent sur la poésie romantique et moderne, sur la philosophie de l’affectivité, et sur les conditions de l’image. Il développe auprès des auteurs qu’il interroge, en particulier Baudelaire, Rousseau, Dostoïevski, Sophocle, une poétique générale qui remonte à la fondation de la parole et de la représentation dans la violence originelle. Ses travaux sur la photographie ont d’abord décrit les conséquences de l’invention de celle-ci sur la littérature (Les inventions littéraires de la photographie, PUF, 2003), puis les caractères propres de sa phénoménologie (Critique de la raison photographique, Les Belles Lettres / Encre marine, 2009). Ses « Notes sur le poétique » (Un caillou dans un creux, Manucius, 2016) explicitent les attendus de sa recherche.

Presse

Articles de :
Florence Andoka : lacritique.org
Michel Arcens : Unblog.fr
Marie-Antoinette Bissay, Revue internationale d’art et d’artologie (cf. fichier PDF ci-après)
Jean-Paul Gavard-Perret  : Le salon littéraire ; lelittéraire.com ; De l’art helvétique contemporain
Thierry Guinhut : Le Matricule des Anges (cf. fichier PDF ci-après)
Lunettes rouges : blog Le Monde
Fabien Ribery : L’Intervalle

Gonzales/Matricule
Bissay / Gonzales

Extraits

Feuilleter… Le travail photographique de JJ Gonzales

Photographie

Cette collection rassemble des livres de photographie ainsi que diverses collaborations entre photographes et écrivains. Chaque volume se définit par sa volonté d’expérimenter des rapports, chaque fois singuliers, entre dimension visuelle et dimension textuelle. Photographies et récits travaillent ensemble pour affiner notre regard sur le monde, ses populations de toutes sortes, ses étranges rebuts, ses grands espaces.