Une relation enragée – Correspondance croisée 1969-1986

« J’aime (ce mot est inexact) votre œuvre ; je m’explique tout par elle. J’aurais voulu en témoigner. » (Christian Prigent à Francis Ponge)
Francis Ponge a soixante-dix ans lorsque, en août 1969, il reçoit d’un étudiant de Rennes un mémoire consacré à son œuvre. Cet étudiant, c’est Christian Prigent, alors âgé de vingt-trois ans et fondateur de la tout nouvelle revue TXT. L’un espère faire reconnaître définitivement la modernité de son œuvre et lui assurer des héritiers ; l’autre, cherchant son écriture, évolue très vite sur le plan esthétique et idéologique. Et Tel Quel n’est pas loin.
Correspondance entre un « grand écrivain » et un « jeune homme », selon les termes dans lesquels s’institue l’échange, cette suite d’une centaine de courriers adressés entre 1969 et 1986 a cependant bien peu en commun avec les Lettres à un jeune poète, et documente surtout notre histoire littéraire récente. Elle éclaire la réception d’une œuvre qui entend incarner «  un apport aussi radical (pour le moins !) que celui d’Artaud ou de Bataille à la mutation en cours » et témoigne de l’effervescence intellectuelle et politique de l’après-68, laquelle sera la cause majeure de la rupture entre les deux hommes.
Transmission ambiguë au-delà d’un fossé générationnel ? Tel est peut-être ce que donnent à voir ces lettres. Ou, pour reprendre l’expression de Benoît Auclerc : « relation enragée ».

Date de publication : 20 août 2020
Format : 14 x 22 cm
Poids : 480 gr.
Nombre de pages : 224
ISBN : 978-2-85035-018-4
Prix : 25 €

PRÉSENTATION :
Francis Ponge a soixante-dix ans lorsque, en août 1969, il reçoit d’un étudiant de Rennes un mémoire consacré à son œuvre. Cet étudiant, c’est Christian Prigent, alors âgé de 23 ans et fondateur de la tout nouvelle revue TXT. Son œuvre poétique et critique est encore balbutiante, et pour cause : il semble que pour l’initier, il lui faille en quelque sorte traverser celle de Ponge. « Je m’explique tout par elle », confie-t-il à celui qui se retrouve, de fait, en position de maître. En 1984, dix ans après que la rupture aura été consommée, il lui parlera du « “meurtre du père” par lequel, peut-être (?) il fallait que je passe pour écrire hors de la fascination de votre travail. »
Correspondance entre un « grand écrivain » et un « jeune homme », selon les termes dans lesquels s’institue l’échange, cette suite d’une centaine de courriers adressés entre 1969 et 1986 a cependant peu en commun avec les Lettres à un jeune poète – ne serait-ce que parce que les rôles, sur la scène littéraire, ne sont pas aussi fermement assignés. Ponge, étant sorti de l’isolement dans le courant des années 1960, cherche à asseoir son œuvre et à lui assurer des héritiers ; Prigent, lui, cherchant son écriture, évolue très vite sur le plan esthétique et idéologique. Leurs échanges, même empreints d’estime et d’admiration, sont donc également stratégiques, d’autant plus qu’ils impliquent un tiers : la revue Tel Quel, alors importante promotrice de l’œuvre de Ponge.
Ces lettres, qui relatent entre autres l’introduction de Prigent auprès des membres de Tel Quel, la conception d’un numéro de TXT spécialement consacré à Ponge et les préparatifs du colloque de Cerisy, sont donc un document de notre histoire littéraire récente. Outre qu’elles éclairent la réception d’une œuvre qui entend incarner « un apport aussi radical (pour le moins !) que celui d’Artaud ou de Bataille à la mutation en cours », elles témoignent de l’effervescence intellectuelle et politique de l’après-68, laquelle sera la cause majeure de la rupture entre les deux interlocuteurs – l’un, gaulliste affirmé depuis Pour un Malherbe, l’autre, porteur des idées du mouvement étudiant – après le virage maoïste de Tel Quel en 1972.
Spectacle d’une transmission ambiguë au-delà d’un fossé générationnel ? Tel est peut-être ce que donne à voir cette correspondance. En ce sens, elle contribue aussi à la compréhension de l’œuvre de Christian Prigent – « Malaise dans l’admiration », tel est le titre d’un article qu’il a consacré à son aîné en 2014. Signe d’une « relation enragée », pour reprendre l’expression de Benoît Auclerc, concepteur de cette édition.

Ouvrage publié avec le concours du Centre national du Livre.

Les auteurs

Ponge.
Un nom qui appelle.
Une œuvre sans partie morte et constamment réactivée.
Qu’on interroge avec passion, avec affection.
Qui, ayant traversé les écoles, cautionne diverses entreprises de la modernité aujourd’hui.
Qui se trouve être l’enjeu d’une bataille pour les formalistes, les sémioticiens, les linguistes, les thématiciens, les textologues, les poéticiens, les philosophes.
Qui anime plusieurs formes de pédagogie nouvelle : les plus jeunes y apprennent à lire et à écrire...
(Argument du Colloque de Cerisy consacré à F.P. en 1975.)

« Christian Prigent réunit dans sa personne et à un haut degré, des qualités rarement présentes ensemble chez le même écrivain : passion pour l’art en général mais aussi pour l’œuvre des autres, y compris ses contemporains ; pénétrante intelligence du rôle social et antisocial de l’écriture ; puissance de travail phénoménale ; audace dans l’invention ; sens de la vie comme expérience et de l’amitié comme poursuite de la beauté par d’autres que soi. Ça donne une œuvre considérable par son ampleur et son retentissement, dans la masse de laquelle il est difficile de conseiller des entrées. Tentons tout de même de mentionner : de la poésie qui trempe l’esprit et détrompe (L’âme, POL) ; un roman aussi dense et plurivocal qu’Ulysse (Commencement, POL) ; un essai sur ses pairs et pères (Une erreur de la nature, POL) ; un livre majeur, qui maintenant fait référence, sur le peintre Viallat (Viallat la main perdue, Éd. Voix). Tous ceux qui aujourd’hui publient des choses un peu dignes, sont passés par cette œuvre-là, avec plus ou moins de reconnaissance. Il faut ajouter qu’aucun auteur français vivant n’est pas capable d’atteindre le même niveau de réflexion critique et de performance orale de ses propres textes (ne manquer aucune de ses prestations publiques, même si on n’aime pas les textes). » (Pierre Le Pillouër)

Presse

Pierre Daraize, Critique d’art [cf. PDF ci-après]
Françoise Favretto, L’Intranquille
Bruno Fern, Sitaudis.fr
Jean-Paul Gavard-Perret, Nonfiction ; La cause littéraire
Tristan Hordé, Europe [cf. PDF ci-après]
Christophe Kantcheff, Politis [cf. PDF ci-après]
Viktor Kirtov, pileface.com
Fabien Ribery, L’Intervalle
Christian Rosset, Diacritik
Jean-Didier Wagneur, Libération [cf. PDF ci-après]

Daraize / Critique d’art / Ponge-Prigent
Hordé Europe Prigent
Kantcheff Politis Prigent
Wagneur Libération Prigent

Extraits

Feuilleter… Une relation enragée

Littératures

Indifférente aux démarcations de genres, la collection « Littérature » entend représenter une approche curieuse de la création littéraire contemporaine. Poésie, récits singuliers, journaux, carnets, correspondances… : sans autres guides que la surprise et l’émotion, elle s’ouvre à des formes inédites, entêtantes, qu’elle enrichit en les accompagnant d’œuvres originales.

Indifferent to the dividing lines between genres, the collection « Literature » aims to represent a curious approach of the contemporary literary creation. Poesy, singular stories, diaries, notebooks, correspondence… : with no other guides than surprise and emotion, it opens up to new and enhanced forms, paired with original works of art.

Autres livres de cette collection